Fourbure et Réhabilitation

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Ce blog donne des informations sur les connaissances les plus récentes issues de la science et de la médecine vétérinaire sur la fourbure et sa réhabilitation, le Syndrome Métabolique Équin (SME), le DPIP (Dysfonctionnement de la Pars Intermedia de la glande Pituitaire- anciennement appelé maladie de Cushing) dans le but d’aider les chevaux qui en sont atteints et leurs propriétaires.

3 formes de fourbures très différentes sont reconnues aujourd’hui (Patterson-Kane JC et al. 2018).

Quand nous parlons de fourbure il est essentiel de préciser de quelle forme il s’agit.

La fourbure associée à un sepsis est la forme la plus sévère des 3 formes de fourbure (suivi par la fourbure du membre d’appui controlatéral).

Nous savons aujourd’hui (Kariskoki et al. 2011) que la fourbure endocrinienne représente environ 90% des cas de fourbure dont TOUTES les fourbures associées au pâturage/cheval à l’herbe.

Les connaissances modernes ont peine à supplanter les connaissances traditionnelles qui devraient être définitivement reléguées à leur place dans le passé et y rester. En effet les connaissances traditionnelles sont source de fausses croyances et de confusions (voir l’article à venir sur la fourbure alimentaire, une appellation désuète source de confusion).

Avant la découverte de la fourbure endocrinienne en 2007 (Treiber et al. 2006, Asplin et al. 2007) qui a permis une avancée révolutionnaire dans les connaissances sur la fourbure, toutes les fourbures, à l’exception de la fourbure du membre d’appui controlatéral, étaient considérées comme des fourbures de la forme associée à un sepsis. D’ailleurs, à cette époque (au siècle dernier), la dénomination « associée à un sepsis » n’existait pas, on parlait de « LA » fourbure dans le sens où la fourbure était considérée comme « 1 ». Toutes les fourbures induites expérimentalement par les chercheurs pour étudier la physiopathologie/les dommages dans les pieds, qui utilisaient les modèles de surcharge en amidon ou en oligofructose ou encore la toxicité du noyer noir étaient, comme nous l’avons indiqué plus haut, des fourbures associées à un sepsis.

De là, vient la fausse croyance qui persiste encore aujourd’hui et qui a la peau dure que toutes les fourbures en dehors de la fourbure du membre d’appui controlatéral sont liées à l’accumulation de toxines dans les pieds et sont d’origine inflammatoire! Et cette fausse croyance reste solidement ancrée chez beaucoup de professionnels (vétérinaires et maréchaux/pareurs) qui ne sont pas à jour dans leurs connaissances et chez beaucoup de propriétaires mal informés car la plupart des informations données dans les magazines, les sites internet décrivent la fourbure selon les connaissances traditionnelles et non selon les connaissances modernes/actuelles (comme il se devrait alors que la fourbure endocrinienne a été découverte depuis 15 ans déjà !). Les sociétés qui vendent des compléments alimentaires (phytothérapie ou autres) formulés pour réduire l’acidité intestinale, détoxifier le foie et l’organisme, … trouvent avantage à entretenir cette fausse croyance !

Il en résulte que beaucoup de professionnels (vétérinaires, maréchaux/pareurs) et beaucoup de propriétaires ne font pas la distinction entre fourbure associée à un sepsis et fourbure endocrinienne et ne réalisent pas que la fourbure associée à un sepsis est en réalité très rare en dehors des chevaux hospitalisés et qu’à contrario, presque toutes les fourbures, dont toutes les fourbures associées au pâturage/à l’ingestion d’herbe, sont endocriniennes liées à l’insuline et que même si la fourbure endocrinienne peut sembler sévère, elle n’a rien de la sévérité de la fourbure associée à un sepsis.

La fourbure endocrinienne n’implique pas d’inflammation (ou peu) et ne s’accompagne pas d’une défaillance soudaine et catastrophique des lamelles. Elle est insidieuse et se met en place dans le temps et l’épisode aigü peut souvent passer inaperçu avec des poneys qui peuvent rester plusieurs semaines ou mois avant que la fourbure ne soit détectée; le diagnostic est souvent établi seulement au stade chronique avec des signes visibles sur le sabot (stries, étirement de la ligne blanche, pince longue, changement d’angle de croissance de la paroi en pince, sole fine…) indicateurs de dommages internes (angles dorsal et palmaire de rotation signant une rotation de la boîte cornée avec éventuellement une rotation et descente de P3– voir, La fourbure et le pied).

Dans le cas de la fourbure associée à un sepsis, même avec les meilleurs soins, il est difficile de pouvoir garantir une issue positive; le problème n’est pas tant au niveau du réalignement des pieds (correction des angles dorsal et palmaire de rotation – voir, La fourbure et le pied), mais au niveau du contrôle du sepsis qui n’est pas toujours possible, ou qui n’est pas possible suffisamment tôt pour éviter des dommages catastrophiques dans les pieds.

En revanche, il est possible de garantir un taux de rétablissement de 100 % dans le cas de la fourbure endocrinienne tel qu’il est rapporté dans l’article scientifique écrit par le Docteur vétérinaire Debra Taylor (Debra Taylor et al. 2014) en collaboration avec Pete Ramey https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0737080613006370. Cet article décrit le protocole de réhabilitation pied nus de chevaux avec une fourbure endocrinienne. En bref, les 14 chevaux de l’étude qui présentaient une fourbure endocrinienne aigüe ou chronique sont revenus à leur niveau de confort et de santé d’avant la fourbure. Certains d’entre eux avaient une rotation palmaire ou dorsale de 30 degrés et 5 avaient une pénétration de la sole réelle ou éminente. Avec un parage de réalignement, des boots avec à l’intérieur des pads épais en mousse, une gestion correcte de leur alimentation et un retour progressif au mouvement avec de la marche en mains une fois qu’ils ont été confortables marchant en posant les talons en premier, ils se sont tous rétablis.

Ce protocole de réhabilitation pour la fourbure endocrinienne renommée protocole DDT+E par le groupe ECIR* n’a plus à faire ses preuves avec des milliers de chevaux/poneys/ânes rétablis à ce jour. Il est appliqué et enseigné partout dans le monde par les plus grands experts dans le domaine de la réhabilitation de la fourbure dont Pete Ramey créateur de cette méthode (site web : Hoof Rehab), Daisy Alexis Bicking (site web: Daisy Haven Farm / Integrative Hoof school), Alicia Harlov (site web: The humble hoof) et bien d’autres (voir page Liens), par des associations telles que le groupe ECIR* avec le Dr vétérinaire Sarah Kellon ou encore The Laminitis Site et des professionnels dans des disciplines impliqués dans la réhabilitation de la fourbure tels que Danielle Dibbens praticienne de la méthode Tellington TTouch, massothérapeute équin et Technicienne en thermographie équine (site web : La méthode Tellington avec Danielle Dibbens).

Tous les chevaux devraient pouvoir se rétablir d’une fourbure endocrinienne si la cause du dérèglement de l’insuline (ID) est identifiée (SME ou DPIP+ID ou traitement corticoïdes) et supprimée/traitée et les pieds correctement (et immédiatement !) réalignés (correction de la rotation dorsale et palmaire selon le principe du parage de réalignement – voir, La fourbure et le pied) guidés par des radios LM et correctement protégés et soutenus avec des boots + pads épais à l’intérieur.

La plupart des chevaux ne se rétablissent pas d’une fourbure parce que leurs pieds ne sont pas correctement réalignés et soutenus au niveau de l’ensemble des structures solaires (boots+pads) ou dans une moindre mesure, parce que la cause de leur fourbure n’est pas correctement diagnostiquée/traitée. Pour citer le Dr Kellon – groupe ECIR – « Trop de chevaux ne se rétablissent pas d’une fourbure à cause d’un parage incorrect », mais une fois qu’ils ont ce parage correct, ils peuvent se rétablir et habituellement, ils se rétablissent (si bien sûr, la cause est également identifiée et supprimée/traitée!).

A la page 351 de son livre https://www.hoofrehabstore.com/care-and-rehab-of-the-equine-foot/ (un livre incontournable que toute personne, impliquée dans la réhabilitation des fourbures ou des soins des pieds/parage physiologique, devrait avoir), Pete Ramey dit : « Aux premiers signes de fourbure, rétablir P3 dans un plan plus naturel par rapport au sol, supprimer la pression sur la paroi et soutenir la sole avec des pads en caoutchouc mousse – la descente verticale et la pression destructrice sur le chorion solaire peuvent être évitées »… « Ne pas attendre. Une action immédiate pour supprimer une pression constante sur le chorion solaire et les forces de séparation sur les lamelles et les papilles coronaires peut être plus importante que tout ce que vous ferez d’autres ».

Cependant, le rétablissement du cheval demande quelques efforts et implique que le propriétaire soit volontaire et se conforme aux recommandations sur, la nécessité de parages fréquents à courts intervalles (espacés de moins de 2 semaines), la réalisation de radios Latéro-Médiale correctement marquées (voir, La fourbure et le pied) aussi souvent que nécessaire (si possible) pour guider le parage de réalignement, le diagnostic de la cause (SME ou DPIP+ID ou administration de corticoïdes) et son contrôle/traitement (arrêt des corticoïdes le cas échéant, accès interdit à l’herbe nécessitant l’aménagement d’un paddock en terre, gestion correcte de l’alimentation – foin pauvre en sucres ESC/amidon, distribué en quantité par jour correspondant à 1,5% ou 2% du poids idéal du cheval selon que le cheval a besoin ou non de perdre du poids donc nécessité de peser le foin et souvent de le faire tremper 1h dans l’eau froide avant distribution pour éliminer une partie des sucres ESC, donner un complément minéral/vitaminé adapté respectant les recommandations du National Research Council 2007 avec apport de sels et d’Oméga 3 (par exemple, graines de lin extrudées), traiter au pergolide (prascend) si le cheval a en plus du SME, un DPIP (cheval DPIP+ID), assurer un retour progressif au mouvement au bon moment (pieds parfaitement réalignés et stables) pas trop tôt mais aussi assez tôt, à condition que le cheval marche en posant les talons en premier et avec un soutien des pieds (boots+pads), et aider le cheval au niveau musculaire si besoin en particulier dans les cas de réhabilitation de fourbures chroniques de longue date, par la pratique de massages physiologiques, voir http://dcdibbens.blogspot.com/2017/10/danielle-dibbens-tellington-ttouch.htm?m=1

Nous avons aujourd’hui toutes les connaissances nécessaires pour permettre à tout cheval/poney/âne avec une fourbure endocrinienne de se rétablir et de revenir à son niveau de forme athlétique et de santé d’avant la fourbure, mais il vaut toujours mieux prévenir que guérir la fourbure ! Donc restons vigilants et pro-actifs pour protéger nos chevaux/poneys/ânes de la fourbure endocrinienne (surveiller le poids corporel, l’apparition éventuelle de signes du SME ou DPIP+ID, surveiller les pieds et les garder correctement parés, gérer l’accès à l’herbe pour les chevaux à risque de faire une fourbure endocrinienne – voir, Attention aux sucres dans l’herbe en cette fin d’hiver – début de printemps!).

Aujourd’hui au 21ième siècle, la fourbure ne devrait plus être la deuxième cause d’euthanasie chez les chevaux. Répétons-le, 90% environ des cas de fourbure sont des fourbures endocriniennes et tout cheval devrait pouvoir se rétablir d’une fourbure endocrinienne si 1) la cause du dérèglement de l’insuline (ID) est identifiée/traiter et les pieds correctement réalignés et soutenues par des boots +pads (protocole DDT+E, ECIR group). L’euthanasie dans les cas de fourbure endocrinienne devrait être envisagée seulement lorsqu’une infection dans le pied ne peut pas être contrôlée et en particulier quand elle touche l’os (P3) et si la perfusion sanguine a été perdue et ne peut pas être rétablie.

Références scientifiques :

Patterson-Kane JC, Karikoski NP, McGowan CM. Paradigm shifts in understanding equine laminitis. The Veterinary Journal Volume 231, January 2018, Pages 33-40. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1090023317302290

Karikoski NP, Horn I, McGowan TW, McGowan CM. The prevalence of endocrinopathic laminitis among horses presented for laminitis at a first-opinion/referral equine hospital. Domest Anim Endocrinol. 2011 Oct;41(3):111-7. doi: 10.1016/j.domaniend.2011.05.004. Epub 2011 Jun7 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21696910/

Treiber KH, Kronfeld DS, Geor RJ. Insulin Resistance in Equids: a Possible Role in Laminitis. The Journal of Nutrition Supp. 2094S-2098S 2006 (Full). https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16772509/

Asplin KE, Sillence MN, Pollitt CC, McGowan CM. Induction of laminitis by prolonged hyperinsulinaemia in clinically normal ponies. The Veterinary Journal Vol 174, Issue 3, November 2007, Pages 530-535. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17719811/

Taylor D, Sperandeo A, Schumacher J, Passler T, Wooldridge A, Bell R, Cooner A, Guidry L, Matz-Creel H, Ramey I, Ramey P. Clinical Outcome of 14 Obese, Laminitic Horses Managed with the Same Rehabilitation Protocol. Journal of Equine Veterinary Science Volume 34, Issue 4, Pages 556–564, April 2014 (online 05 Feb 2014). https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0737080613006370

* https://www.ecirhorse.org/DDT+E.php

**https://blog.easycareinc.com/rehabilitation-of-the-insulin-resistant-foundered-horse-dhf-style/#sthash.JMUSv

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